Prévisions : la deuxième vague de Covid-19 interrompt la reprise économique
Prévisions conjoncturelles du Groupe d’experts de la Confédération – décembre 2020 - Cet automne et cet hiver, la deuxième vague de coronavirus pèsera sur l’économie suisse. Le groupe d’experts révise donc à la baisse ses prévisions concernant l’évolution du PIB pour l’année prochaine. La croissance devrait redémarrer franchement si la situation épidémiologique s’améliore. Néanmoins, l’incertitude demeure extrêmement élevée.
Cet automne et cet hiver, l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 et les mesures de lutte contre la pandémie entraveront fortement la croissance de l’économie internationale, particulièrement en Europe. Néanmoins, ces mesures sont généralement moins draconiennes que celles prises le printemps dernier ; globalement, leurs conséquences pour l’économie devraient donc être moins lourdes.
Le groupe d’experts part du principe que le PIB suisse va reculer au 4e trimestre, mais que la conjoncture ne va pas s’effondrer pour autant. Par ailleurs, les derniers chiffres du PIB révèlent que, durant les trois derniers trimestres, l’économie suisse s’en est mieux sortie que prévu. Le groupe d’experts prévoit donc, pour l’ensemble de l’année 2020, un recul de −3,3 % du PIB corrigé des effets des événements sportifs (prévision d’octobre : −3,8 %), le plus fort enregistré depuis 1975. Quant au taux de chômage annuel, il devrait s’établir autour de 3,2 %.
La propagation du coronavirus et les mesures d’endiguement devraient aussi affecter le début de l’année 2021. Dans ces conditions, le groupe d’experts a corrigé ses prévisions pour 2021 à la baisse : désormais, il s’attend à une croissance de 3,0 % du PIB corrigé des effets des événements sportifs (prévision d’octobre : +3,8 %), qui est toujours bien audessus de la moyenne à long terme. Ainsi, la croissance devrait nettement s’accélérer dans le courant de 2021, et le PIB suisse pourrait retrouver son niveau d’avant la crise d’ici fin 2021. Quant au taux de chômage, il devrait dans un premier temps poursuivre sa hausse pour atteindre une moyenne annuelle de 3,3 %.
Ces prévisions reposent sur l’hypothèse d’une amélioration progressive de la situation épidémiologique à partir du printemps 2021, grâce notamment à la distribution à large échelle de vaccins contre le Covid-19. Dans ces conditions, on pourrait alors s’attendre temporairement à une croissance du PIB supérieure à la moyenne, avec un rattrapage de certaines dépenses de consommation et de certains investissements qui avaient été reportés ; en outre, les exportations de marchandises, en particulier, profiteraient sensiblement de la reprise de l’économie mondiale.
La reprise économique devrait ensuite gagner en ampleur en Suisse. Pour autant qu’en 2022, il ne soit pratiquement plus nécessaire de prendre des mesures pour contenir le coronavirus, les secteurs économiques particulièrement exposés comme le tourisme international de-vraient également sortir de la crise. Pour 2022, le groupe d’experts s’attend à une croissance supérieure à la moyenne de 3,1 % du PIB corrigé des effets des événements sportifs. L’emploi devrait nettement progresser, et le taux de chômage baisser à 3,0 % en moyenne annuelle.
Risques conjoncturels
Les principaux risques conjoncturels demeurent liés à l’évolution de la pandémie de coronavirus et à la manière dont les acteurs économiques et politiques y réagissent.
La deuxième vague de pandémie pourrait avoir moins de répercussions négatives sur l’économie que prévu, en particulier à l’étranger ; en outre, les vaccins contre le Covid-19 pourraient être utilisés à large échelle plus vite que prévu, rendant de nouvelles mesures d’endiguement superflues. On pourrait alors tabler sur une reprise conjoncturelle nettement plus rapide.
À l’inverse, la reprise pourrait connaître un nouveau coup d’arrêt si de fortes vagues de pandémie devaient se reproduire durant l’horizon de prévision et s’accompagner de mesures strictes de confinement en Suisse et à l’étranger. La probabilité d’effets de second tour tels que suppressions d’emplois et faillites d’entreprises en grand nombre s’accroîtrait alors fortement. En outre, les risques liés à l’augmentation de la dette publique et de la dette des entreprises s’aggraveraient.
Les conflits commerciaux internationaux constituent un autre facteur de risque pour la conjoncture mondiale. Un Brexit « dur » la fragiliserait davantage. Enfin, en Suisse, le risque de corrections sur le marché de l’immobilier demeure.